L’horizon s’était mis à bouillir. Il avait gonflé, s’était gondolé, avait explosé. Une éruption blanche avait bousculé la rectitude de la plaine. Le sol caillouteux s’était fissuré en un maillage ténu ; il expectorait une poussière translucide, dans un vacarme de rocs amoncelés, frottés, abrasés, puis roulés en cascade.
Ainsi débute le roman, présenté par Christian Kazandjian, tiré des manuscrits de Douglas C. Bravo. De cette catastrophe naturelle, de cette catastrophe humaine, un nouveau monde peut-il éclore ? Ceux qui ont fui leur pays dévasté par ce choc venu du ciel, qui ont traversé l’océan, sont de nouveau happés par la disparition, le meurtre peut-être, la mort sûrement. Le tranchant des verbes, le cisèlement des mots, emporteront le lecteur et la lectrice.
Que vient faire, in fine, un policier sur cette terre dévastée où les vivants n’osent même plus parler aux morts ? Le dialogue entre l’homme enquêteur et une vieille femme prend une forme singulière.
Il n’y a pas que les fleuves qui sont foudroyés, les cœurs le sont aussi.